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Le théâtre s’invite dans les appartements

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Depuis 2005, le réseau d’artistes « Hors-lits » qui rassemble professionnels et amateurs, propose une formule originale de théâtre en appartement. Une alternative culturelle sous forme de parcours citadin guidé.

Hors-Lits (région parisienne) © Crédit photo Elena Turi

Hors-Lits (région parisienne) © Crédit photo Elena Turi

Le programme de la soirée n’est jamais dévoilé à l’avance. Les thématiques varient mais le format reste identique : un rendez-vous est donné à un point précis de la ville et quatre performances de 20 minutes sont présentées dans quatre appartements différents devant une vingtaine de participants. L’occasion de (re)parcourir la ville la nuit, de découvrir des espaces artistiques alternatifs et de finir la soirée autour d’un verre en présence des artistes.

LE BERCEAU DU PROJET

En 2005, estimant que les artistes sont freinés  dans leur élan de création par le système de production, Leonardo Montecchia, performeur et chorégraphe résidant alors à Montpellier, imagine, lové sous ses couvertures,  un solo de vingt minutes dont la mise en scène principale serait... son lit. La performance sera présentée un peu plus tard au public.

Leonardo Montecchia © Crédit photo Hors-Lits

Leonardo Montecchia © Crédit photo Hors-Lits

« J’ai senti que le moment était venu de créer un nouvel espace de parole pour que les artistes puissent proposer librement de courtes pièces sans avoir à justifier au préalable leur création pour qu’elle ait une chance d’être produite. », explique Leonardo Montecchia.  L'artiste a grandi à Buenos Aires,  en Argentine, où il suit une formation de comédien et de danseur. Il s’installe en France en 1998 et complète son parcours artistique au Centre chorégraphique national de Montpellier en 2001 avant de créer sa propre compagnie – La Cie de la Mentira  –  en 2004.

DONNER CARTE BLANCHE AUX ARTISTES

Qu’il soit professionnel ou simplement amateur, tout artiste peut proposer son œuvre au réseau « Hors-lits » et sera assuré de la voir produite dans son intégralité. Si l’absence de regard est un principe de base, les organisateurs des soirées veillent à équilibrer les quatre performances présentées en fonction des thématiques traitées ou du format proposé. En rendant la parole aux artistes, cette initiative questionne les codes de la représentation et souhaite réinventer le rapport aux  spectateurs : « Aujourd’hui, le discours ambiant sur le risque est omniprésent et ce dans tous les domaines. La production artistique n’y échappe pas… Ce qui a pour effet de geler trop souvent les initiatives artistiques par manque de financement. La création est un risque et nous, artistes, souhaitons assumer cette prise de risque. », assure Leonardo Montecchia.

"Hors-Lits" n’effectue aucune demande de financements publics afin de préserver son intégrité artistique. Le fondateur du réseau insiste sur cette démarche : « Nous tenons à notre indépendance. C’est un choix que nous avons opéré depuis le lancement du réseau. Les participations du public, à hauteur de 10 euros par personne et par soirée, permettent de rétribuer les artistes équitablement». Les appartements où se déroulent les performances sont quant à eux prêtés par des particuliers grâce au réseau d’artistes. Un travail in situ est alors élaboré afin de créer les conditions nécessaires pour la réalisation des spectacles.

LE REFUS D’UNE DEMARCHE ELITISTE

« Hors lits » nourrit l’ambition de remuer les esprits et de réveiller l’avis critique de chaque spectateur. Le réseau se défend de tout travail élitiste et la démarche pédagogique d’un spectacle est systématiquement mise à l’écart : « Nous souhaitons arrêter cette infantilisation du spectateur. Nous pouvons établir nos propres grilles de lecture face à une œuvre donnée. Il est temps de sortir d’un jugement manichéen qui banalise l’œuvre présentée. », dit Leonardo Montecchia.

UN EVENEMENT LABELLISE QUI S’INTERNATIONALISE

Présent dans plus d’une dizaine de villes en France, le projet « Hors-Lits » s’est exporté avec succès en Europe et même outre-Atlantique, comme à Santiago du Chili. « C’est par le bouche à oreille que se fait connaître le réseau. Dans certaines villes, nous sommes parfois débordés par les demandes et devons organiser plusieurs groupes de vingt personnes. En septembre 2013, plus de 350 personnes souhaitaient participer aux trois soirées consécutives Hors-Lits de Montpellier ! », affirme Leonardo Montecchia.

Toute personne souhaitant instaurer « Hors-lits » dans sa ville en a la possibilité. Il suffit d’en faire la demande auprès du fondateur. Alors, prêt(e) à reprendre le flambeau ?

Albine Dufouleur (Monde Académie)

 



















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